Qu'est-ce que la VAR, Value-at-risk ?

19/02/2025

Pour certains, la VAR est l'indicateur ultime de mesure du risque de transition. En effet, il s'agit de mettre une valeur monétaire sur le risque environnemental. Monétiser une potentialité sans prendre en compte les externalités et dépendances du système environnemental de celle-ci peut s'avérer contre-productif.

1. Qu'est-ce que la Value-at-Risk (VaR) ?

La Value-at-Risk (VaR) est un indicateur statistique largement utilisé dans le secteur financier pour mesurer le risque de perte potentielle d'un portefeuille d'actifs sur une période donnée avec un certain niveau de confiance. En d'autres termes, la VaR estime la perte maximale qu'un investisseur peut subir dans des conditions normales de marché, avec une probabilité prédéfinie (généralement 95 % ou 99 %).

Formellement, la VaR se décline sous trois approches principales :

  • Méthode paramétrique : basée sur la distribution normale des rendements, elle est simple mais suppose une volatilité constante.
  • Méthode historique : elle repose sur l'analyse des données passées pour estimer la distribution des pertes et gains.
  • Méthode de Monte-Carlo : plus complexe, elle génère des simulations aléatoires pour modéliser différents scénarios de marché.

Historiquement, la VaR a été développée pour évaluer le risque financier global des institutions bancaires et des fonds d'investissement, mais son utilisation s'étend aujourd'hui à la gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

2. L'utilisation de la VaR dans la finance durable

Avec la montée des risques climatiques et environnementaux, les financiers intègrent désormais des indicateurs spécifiques pour quantifier leur impact sur les portefeuilles.

La Climate Value-at-Risk (Climate VaR), développée par certains acteurs de la place est un bon exemple de cette évolution. Cet outil permet aux investisseurs d'identifier les actifs menacés par le changement climatique, mais aussi les opportunités offertes par la transition énergétique. Les agences de notation ont également renforcé leurs modèles pour intégrer ces risques.

Les gestionnaires d'actifs et les banques utilisent la VaR pour :

  • Anticiper les risques physiques : incendies, inondations, tempêtes et sécheresses qui affectent directement les actifs et infrastructures (exemple : PG&E en Californie dont la valeur boursière a chuté de 90 % en raison des incendies).
  • Évaluer les risques de transition : changements réglementaires, taxation carbone, et nouvelles normes qui impactent la rentabilité de certaines industries (exemple : le retrait du contrat d'exploitation de First Quantum Minerals au Panama en raison de préoccupations environnementales).
  • Évaluer l'exposition aux scénarios macroéconomiques climatiques : les stress tests permettent d'anticiper comment un portefeuille réagirait face à différentes trajectoires de réchauffement climatique et de réglementation.

3. Les limites de la VaR dans un contexte ESG

Malgré sa large utilisation, la VaR présente des limites importantes, particulièrement dans le cadre de la finance durable :

  • Une approche trop simpliste des risques extrêmes : la VaR repose sur une hypothèse de normalité des rendements qui sous-estime les événements extrêmes, comme les catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes.
  • Un manque de prise en compte des interdépendances : les effets en cascade et les chaînes de valeur exposées ne sont pas toujours intégrés dans les modèles de VaR, ce qui peut sous-estimer le risque systémique.
  • Une vision court-termiste : en se focalisant sur un horizon temporel de quelques jours ou mois, la VaR ne capture pas les risques à long terme liés au changement climatique et à l'érosion de la biodiversité.
  • Un risque de sous-estimation des impacts ESG : les modèles financiers classiques peinent à intégrer des données environnementales fiables. Par exemple, l'absence de reporting systématique sur la localisation des actifs de production empêche une évaluation précise des expositions aux risques physiques.

Conclusion : Vers une approche plus holistique du risque ESG

Face à ces limites, il devient crucial d'adopter une approche complémentaire à la VaR, intégrant des analyses qualitatives et physiques des risques ESG.

Des solutions émergent, comme les stress tests climatiques, l'utilisation de cartes géospatiales pour suivre les risques physiques, ou encore des méthodologies sectorielles plus adaptées. Plutôt que de se focaliser uniquement sur une valeur monétaire du risque, il s'agit d'intégrer une lecture plus fine des impacts sur la durabilité des modèles économiques.

Ainsi, bien que la VaR reste un outil central pour la gestion des risques financiers, son application dans la finance durable nécessite une adaptation pour mieux appréhender les défis posés par le changement climatique et la transition énergétique.

Des ressources pour aller plus loin


Autrice : Lucie Mauzé

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